Chapiteau abritant des sacs de denrées alimentaires

Reflets de terrain: Des initiatives citoyennes pour l’accès à l’alimentation

Catégories: Recherches

Par Joseph Rady DimitriAoût 2021

Dans le cadre de mes études en anthropologie, j’ai effectué un stage tout l’été avec Paroles d’excluEs. Lors de ce stage, je me suis concentré sur l’enjeu de l’accès à l’alimentation. Dans cet article, je reviens sur mon passage sur le terrain à Montréal-Nord. Je me base sur 3 journées passées au local situé sur la rue Lapierre et de 3 autres journées passées au local sur la rue Pelletier. Lors de mon terrain, j’ai pu assister à des distributions alimentaires et à des repas citoyens. Ce court article a pour but de présenter les initiatives soutenues par Parole d’excluEs, entre le 17 mai et le 6 août 2021, en lien avec la question de l’accès à l’alimentation.

Mercredi 2 juin, vers 12 :30

L’accès à l’alimentation recoupe plusieurs enjeux. Avoir accès à des fruits et légumes de bonne qualité à proximité, qui soient physiquement et économiquement accessibles, est une partie importante de la question de la sécurité alimentaire. Situé au premier étage des immeubles de la SHAPEM, le local sur la rue Lapierre et un point d’ancrage pour les résidentEs du bloc. CertainEs passent par le local pour ramasser un sac de fruits et légumes frais tandis que d’autres ne peuvent pas sortir de chez eux. Afin de ne pas oublier ces gens à mobilité réduite, les denrées sont livrées à leurs portes. Miriam est une citoyenne qui a pris l’initiative de s’occuper de la distribution alimentaire. Elle reçoit plusieurs de ses voisinNEs et on peut observer la manière dont des liens sociaux se tissent. Miriam joue un rôle important au sein de la distribution alimentaire ainsi qu’en sein de sa communauté. Elle fait plusieurs appels durant la journée, incitant d’autres à passer par le local. En adoptant des responsabilités et en prenant en charge des initiatives, certainEs citoyenNEs de Montréal-Nord deviennent ainsi des acteurs sociaux importants au sein de leur quartier.

Jeudi le 15 juillet vers 10 heures

Lors de mon arrivée, le local de Paroles d’excluEs, situé sur la rue Pelletier, est particulièrement animé. Roxanne et Mathilde ont pris l’initiative de s’occuper de la préparation du repas citoyen. J’ai eu la chance de les connaitre grâce au fait qu’elles s’occupent aussi de la distribution alimentaire tous les jeudis. En plus d’elles, j’ai pu faire la connaissance de Valérie. Valérie vit proche du local à Lapierre, à quelques kilomètres à l’Est, mais est venue prêter un coup de main à Pelletier pour le dîner entre voisinEs. Ça ne nous a pas pris longtemps avant qu’on discute des actes de violence qui se sont manifestés récemment, près de son lieu de vie. Un choix de conversation que je trouve difficile alors que Valérie semble à peine affectée, concentrée sur sa tâche de préparation. Au menu, un pâté chinois accompagné d’une salade verte assaisonnée maison. La salade est entièrement maison : les légumes et la verdure utilisés proviennent du jardin communautaire, entretenu par les membres du voisinage. Les autres citoyenNEs se présentent pour le repas vers midi. Un brassage de visages, certains familiers et plusieurs nouveaux. À travers les conversations et les rires, je me questionne sur l’impact du confinement vécu par ces gens. En ce qui concerne l’alimentation, les initiatives telles que les repas citoyens et le jardinage servent non seulement de dépannage, mais jouent aussi un rôle important dans la socialisation et le dé-confinement progressif de ces quartiers.

En coconstruisant avec des citoyenNEs du quartier des opportunités de s’engager dans des actions sociales, Paroles d’excluEs travaille sur différents enjeux et mobilise le pouvoir d’agir des citoyenNEs. Les citoyenNEs participent au changement social en s’engageant dans des initiatives locales.  À propos de l’insécurité alimentaire, les multiples initiatives qui répondent à des besoins de subsistances renforcent en même temps les acteurs sociaux au sein de leur quartier. Les citoyenNEs ne se contentent pas de profiter de services, ils et elles développent au contraire des initiatives favorisant l’entraide.

Crédit photo: Journée de distribution alimentaire à Lapierre. Photo de Nomez Najac.

Joseph Rady Dimitri est étudiant en anthropologie à Concordia. Son stage a été financé par une bourse du Concordia Co-op Institute.

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