Memorial Peace Garden

La revitalisation urbaine inclusive: deux initiatives inspirantes

Associée à plusieurs bienfaits, la revitalisation urbaine reçoit parfois la critique d’exclure des populations vues comme « non-désirables ». Parmi ces populations, on compte entre autres des jeunes à risque, de groupes marginalisés ou encore stigmatisés en raison de leur origine.

Il convient alors de se demander ce que peut signifier la revitalisation urbaine inclusive lorsque certains groupes de la population sont perçus comme perturbant un lieu jugé non-sécuritaire. Dans le cadre d’un stage de recherche à l’Incubateur Universitaire de Parole d’excluEs, deux projets américains ont été sélectionnés à titre d’initiatives inspirantes. Ceux-ci permettent d’envisager à quoi peut ressembler une approche de la revitalisation urbaine inclusive de ces populations.

Le « Troy Chavez Memorial Peace Garden », établi en 1993 à Denver, Colorado, est l’une de ces initiatives. Situé dans un quartier à forte proportion de résidents d’origine latino-américaine, le jardin est un mémorial en l’honneur de Troy Chavez, innocente victime de rivalités entre gangs. Tout en accueillant des évènements culturels, il sert de lieu thérapeutique et pédagogique pour les jeunes à risque et les personnes associées à la criminalité. Le jardin est également un lieu d’apprentissage de l’horticulture pour les enfants d’une école primaire avoisinante et un lieu de célébration des cultures latina, chicana et aztèque.

 

Memorial Peace Garden

Photo extraite du site internet https://dug.org/garden/peace/

 

Remplissant plusieurs fonctions, le « Troy Chavez Memorial Peace Garden » montre comment un espace public peut être investi de plusieurs significations et intégrer plusieurs parties prenantes de la communauté. Ce jardin public qui fait aussi office de marché est situé sur le terrain privé d’une entreprise établie dans le quartier. Visant à accompagner les jeunes à risque, il se trouve aussi sur un territoire où certains groupes mènent des activités criminelles.

Le deuxième exemple d’une vision inclusive de la revitalisation d’espaces publics est offert par le programme « Summer Night Lights ». Depuis 2008, la ville de Los Angeles, Californie, a entrepris de pacifier certains parcs qui étaient les théâtres de rivalités entre gangs. Elle en a étendu les heures d’ouvertures et y a favorisé la tenue d’activités familiales durant l’été. L’approche de la ville est caractérisée par une étroite collaboration avec divers groupes de la population dont les jeunes à risque qui sont invités à faire partie du personnel. Los Angeles a également abrogé les règlements empêchant les membres de gangs d’être en présence les uns des autres dans les parcs. Le programme cherche ainsi à encourager les jeunes à risque et les individus impliqués dans des activités criminelles à socialiser avec la population générale. Ce rapprochement est envisagé comme un outil essentiel pour la transformation des communautés. Selon Levy (2009), « Summer Night Lights » témoigne de la volonté de la ville de reconnaître tous les citoyens comme des acteurs et des collaborateurs à part entière.

Ces deux initiatives démontrent que les espaces publics jugés à risque gagnent à être investis plutôt qu’évités par les communautés et les initiatives de revitalisation urbaine. Plus encore, elles témoignent de la pertinence d’inclure dans ces initiatives les populations jugées à risque ou même associées à la criminalité dans une optique de transformation des communautés.

 

Par Ricardo Cariès, stagiaire IUPE

 

Références

Langegger, Sig. « Emergent public space: Sustaining Chicano culture in North Denver », Cities, vol. 35, 2013, p. 26-32.

Levy, Karen. « L.A. Combats Gang Violence with Positive Uses », 2009. [En ligne] https://www.pps.org/article/la-combats-gang-violence-with-positive-uses

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